“EUROPÉENS ET JAPONAIS” OU “LE MONDE DU TOUT-À-L’ENVERS”

Je devais passer depuis longtemps à la Fondation Gulbenkian à Paris récupérer le Tesouro transnacional  (à M. Ferdinan Personne), mon cageot “manifeste” anti-Brexit constitué à partir de la bibliothèque multilingue de Fernando Pessoa. Voilà presque deux ans déjà que les britanniques ont voté la sortie de l’Union européenne.

C’est Fátima Gil, régisseuse “en cheffe” des expositions qui me reçoit, et je découvre cette calligraphie affichée sur l’armoire en face de son bureau. Fátima est d’origine portugaise mais elle a vécu deux ans au Japon puis entreprit des études de japonais en s’installant à Paris, à son retour. Elle s’est aussi initiée à la calligraphie comme en atteste cet exemple.

Elle est la rencontre providentielle pour me prodiguer de précieux conseils de lecture ciblés Musée des Erreurs, dont voici la liste, dans l’ordre où elle me les communiqua :

Ruth Benedict
Le Chrysanthème et le sabre

Takeo Doi
Le Jeu de l’indulgence

Yasunari Kawabata
Correspondance avec Yukio Mishima
Nuée d’oiseaux blancs
Récit de la paume de la main

Natsume Sōseki
Oreiller d’herbes

Sei Shônagon
Notes de chevet

Kenzaburo Ôé
Dites-nous comment survivre à notre folie
Le faste des morts
Moi, d’un Japon ambigu, qui est la réponse de Kenzaburo lorsqu’il a reçu le prix Nobel de Littérature, en 1994, au discours de Kawabata lorsqu’il l’avait reçu en 1968 : Moi, d’un beau Japon.

Akutagawa Ryûnosuke
Rashômon et autres contes

Yuko Mishima
Cinq Nô modernes
Fátima me recommande surtout la lecture de Kantan, premier tentative de Mishima d’écrire un nô contemporain, où il invente un oreiller sur lequel on oublie tout ; mais cette pièce ne figure que dans la première édition.

Luís Fróis
Européens et Japonais, Traité sur les contradictions et différences de mœurs

João Rodrigues
Historia da igreja do Japão

Et je vois que Fátima a aussi, bien en vue sur son bureau, l’invitation à l’exposition Foujita au Musée Maillol, au cas où j’oublierais d’y passer.

Direction Junku, la Librairie japonaise de Paris, à côté de la Place Vendôme, où il fut facile de trouver la plupart des ouvrages, et quelques autres… Je ne voulais pas me charger pour voyager, mais ma valise va être pleine de livres – avoir travaillé plusieurs années avec Raymond Hains laisse forcément des traces ! D’ailleurs, mon cageot portugais rendait un hommage direct à sa Valise de Troyes (1987), lui qui est allé si souvent au Portugal vers la fin de sa vie, lorsque la Fondation Serralves lui consacra une grande exposition.

Alors, j’ai d’ores et déjà pris la décision de renvoyer un par un, à mon adresse à Bruxelles – Rue Notre–Dame du Sommeil – chaque livre que j’aurai terminé, et dont le contenu aura sans doute été avalé par mon oreiller. Ça me permettra de me délester, au sens propre et figuré, mais je crains surtout que cela ne m’encourage à me charger de nouveaux livres – on ne se refait pas !

Pour l’instant, c’est le petit traité écrit en 1585 par Luís Fróis, père jésuite portugais, qui m’a tout de suite semblé croiser directement mes préoccupations.

Claude Lévi-Strauss explique dans la préface qu’il est le précurseur de l’Anglais Basil Hall Chamberlain dont le livre Things Japanese, paru en 1890, composé sous forme de dictionnaire, contient sous la lettre T un article intitulé Topsy-Turvydom, “Le monde du tout-à-l’envers”, où il écrit :

“Les Japonais font beaucoup de choses de façon exactement contraire à ce que les Européens jugent naturel et convenable.”

Le livre de Fróis est composé d’une liste de centaines de contradictions, regroupées par grands thèmes, numérotées. Le système mis en place par le révérend père est tellement drôle et opérant qu’on pourrait imaginer d’autres écrivains s’en emparer, comme Georges Perec calquant son Je me souviens sur le I Remember de l’artiste Joe Brainard. Je me souviens d’ailleurs du beau Sami Frey, à vélo sur la scène de l’Opéra comique, récitant les Je me souviens de Perec – j’avais vingt ans.

Ici quelques unes des observations de Luís Fróis, pour le plaisir, mais le choix est bien difficile, j’en garde donc en réserve pour émailler de prochains posts.

• Pour les protéger, nous plions nos vêtements l’endroit à l’intérieur, et l’envers à l’extérieur ; les japonais l’endroit à l’extérieur et l’envers à l’intérieur.

• Nous nous exerçons à l’épée sur des poteaux ou des animaux, les Japonais le font sur des cadavres humains.

• Nous trouvons discourtois que le serviteur ne se tienne point debout quand le maître est assis ; chez eux, ils est incorrect de ne pas faire asseoir le serviteur.

• Chez nous le noir est la couleur du deuil, chez les Japonais, c’est le blanc.

• Nous tenons pour folle ou éhontée une femme qui marcherait pieds nus ; les Japonaises, de haute ou basse condition, vont ainsi la plupart du temps.

• Les femmes en Europe ne quittent pas la maison sans la licence de leur mari ; les Japonaises ont la liberté d’aller où bon leur semble, sans que leur mari n’en sache rien.

• En Europe, l’avortement, pour autant qu’il y en est, n’est pas fréquent ; au Japon, c’est une chose si commune qu’il y a des femmes qui avortent jusqu’à vingt fois.

• Chez nous, les prénoms des femmes sont empruntés aux saintes ; ceux des Japonaises sont : marmite, grue, tortue d’eau, espadrille, thé, roseau, etc.

• Nos enfants en Europe apprennent d’abord à lire, puis à écrire ; ceux du Japon commencent d’abord à écrire, et ensuite apprennent à lire.

• Chez nous, les enfants vont souvent chez leurs proches parents et leur demeurent familiers ; au Japon, il est rare qu’ils les visitent, et ils les traitent comme des étrangers.

• Notre baptême se fait avec mille cérémonies et solennités ; au Japon, il suffit de poser un livre sur la tête pour appartenir à une secte.

 

4 thoughts on ““EUROPÉENS ET JAPONAIS” OU “LE MONDE DU TOUT-À-L’ENVERS”

  1. (mail datant du 11 avril 2018)
    Cher Pierre,

    Avec ma collègue Helena de Freitas, nous avons beaucoup pensé à vous vendredi dernier.
    Nous sommes parties visiter l’atelier de Bady Dalloul, un artiste syrien qui participe à l’exposition actuellement en cours chez nous, et nous sommes retrouvées dans un dédale de difficultés pour trouver la rue Sainte-Anne( que je connais bien, pourtant) et le numéro 42 (qui y arrive avant le numéro 36…). Bady nous a accueillies avec un délicieux matcha glacé et des tranches de castella (un gâteau sec, moelleux, que les Japonais ont hérité des Portugais, malgré l’allusion à Castille et qu’au Portugal est connu sous le nom de « pão de ló »). Bady nous a montré un livre d’artiste réalisé à partir d’un album d’origamis confectionné par un(e)inconnu(e), retrouvé au Japon à une époque où il a visité Hiroshima et réfléchissait aux destins du Japon et de la Syrie. Bady réussit à mener une réflexion politique au sujet de la Syrie tout en créant une œuvre plastique de grande qualité teintée de cette part d’absurde poétique qui vous est chère. Comme il s’agissait de la journée portes ouvertes consacrée aux ateliers d’artistes syriens, nous avons été agréablement interrompus par une amie à vous, Pauline de Laboulaye qui faisait justement le tour des ateliers. C’est en commentant avec Helena que tout semblait relever du Musée de l’Erreur et que probablement c’était votre passage récent à la Fondation qui nous faisait entrer dans ce u-topus nipo-syrio-parisien, qu’elle s’est identifiée en tant que votre amie.
    Le retour a été aussi complexe, puisque qu’une fois de plus, convaincue de bien connaitre la rue, malgré l’échec à l’arrivée, je me suis retrouvée de nouveau perdue, arrivant sur Bourse en pensant être à Opéra… Après ce dernier hoquet spatio-temporel, nous avons réussi à regagner les Invalides et je me suis promise de vous rendre compte de cette aventure.
    Bien à vous
    Fatima

  2. Toujours imprégnée par le Musée de l’erreur, la contagion se poursuit autour de moi. Je pense que vous lisez un peu en portugais et vous envoie une petite nouvelle d’un ami (João Pinharanda) qui n’est pas sans rappeler une autre « Le bras », de Kawabata. Perdue, puis retrouvée par hasard, par erreur… comme il l’indique dans son mail. Erratique et erronée:
    « Fátima
    num inexplicável acaso, carregando eu num botão errado encontrei, destacada numa lista avulsa de temas absurdos e muito antigos como pode sver pela data deste email, a tal Perna de que te falei hoje.

    outro item para o museu do Erro….

    joão »

    texte « A perna » (La jambe)

    Para o Pedro e o Francisco, quando os conhecer, para a Tia Maria que lhes lê histórias e para o Carlos

    A Perna

    Acham que uma Perna pode ter uma história? E acham que se pode começar a história de uma Perna por “Era uma vez uma Perna”? Se acham que sim, vamos lá contar a história dessa Perna!
    Então vamos começar: “Era uma vez uma Perna”. “Era uma vez uma Perna que fazia o quê?” perguntam vocês. “Ora, andava! Uma Perna, anda!” respondo eu. “Anda?!” perguntam vocês outra vez, mas agora muito espantados. “É verdade”, respondo eu com cautela “uma Perna serve para andar.” Mas andará sozinha?” pensam vocês (e penso eu também) “Andará sozinha?” Vocês acham que a Perna da nossa história andava sozinha? Bem, mais ou menos. Já vão ver o que aconteceu à Perna, ao Francisco e ao Pedro e ainda ao Sr. Nicolai, que era o dono da Perna.

    Vamos lá outra vez: Era uma vez uma Perna muito elegante. O dono adorava aquela Perna. Não é que não gostasse da outra, mas aquela era especial, muito polida, brilhava mesmo com pouca luz, muito macia e morna, era um gosto tocar-lhe, muito forte e musculada, dobrava-se devagar pelo joelho, inclinava-se e o pé rodava como numa dança de salão. O dono chamava-se Nicolai e, agora, quando alguém me diz que se chama Nicolai, o que é muito raro, olho logo a ver se tem uma perna tão singular como a do Sr. Nicolai que eu conheci em tempos. Mas nunca mais encontrei ninguém tão especial como ele. O Sr. Nicolai, gostava tanto da sua Perna que não se separava dela nem por nada, sempre agarrado a ela (ou seria ela que vivia agarrada a ele?) levava-a para todo o lado, traçava-a com sentido teatral puxando-a bem para cima com as duas mãos e, quando andava, gostava de mostrar que a sua Perna não era como as outras: atirava-a bem para a frente, fixava-a bem no chão ou nos degraus; só depois mandava a outra segui-la. Mole, sem graça nem orgulho, lá ia ela, envergonhada e modesta, desejando que ninguém a visse, tentando ajudar como podia o arranque da passada seguinte da Perna do Sr. Nicolai.
    Embora tivesse um feitio um pouco áspero e afectado para toda gente, no quarto, à noite, quando se deitava, o Sr. Nicolai mudava de comportamento: afagava delicadamente a Perna, falava-lhe com ternura, limpava-a com um paninho húmido polindo as curvas mais macias. Às vezes, ficava sentimental e uma lágrima rolava no seu rosto cansado: “Que será de ti quando eu morrer?” pensava. “Quem vai tomar conta de ti?”, dizia baixinho, com medo que a Perna ouvisse. E puxava-a para si, deitava-a ao colo como se adormece um bebé e assim viam os dois televisão até tarde. Quando rodava a cadeira e se deitava na cama, puxava bem os cobertores para cima, punha-a ao seu lado e dormiam abraçados, sonhando com bailes até de madrugada quando o sol acendia a luz do quarto pelas cortinas entre-abertas.

    Porém, um dia, quando acordou a Perna não estava lá. Que teria sucedido?! Disse “Ai!” e calou-se logo, paralisado de medo. O Sr. Nicolai estava de tal modo perturbado que nem conseguia falar. E falar com quem? se a Perna, que era a sua única confidente, desaparecera!? Não conseguia sequer pensar! Ou melhor. Só pensava nela! Só pensava no que lhe teria acontecido. Como acontecera o que quer que tivesse acontecido?! Como o deixara ela? Por ingratidão com tantos anos se bom convívio? Ou teria sido roubada? Certamente fora roubada, ela nunca o havia de deixar assim, desamparado. Mas logo as duvidas o assaltavam de novo: Teria fugido? A outra perna, temos que o confessar sentiu-se vingada, sentiu mesmo um arrepio de felicidade percorre-la até aos dedinhos do pé… Era agora a sua vez! Agora o Sr. Nicolai não tinha outro remédio senão lembrar-se dela, recorrer a ela! Mas qual quê! O Sr. Nicolai chorava convulsivamente e, em vez de agarrar à perna que ficara com ele, que nunca deixava o seu posto, que fielmente o seguia ainda, continuava a chamar pela outra, chamava-lhe mesmo “Perninha”, contra todas as possibilidades procurava-a uma vez mais entre os lençóis, debaixo da cama, apalpava a coxa… Foi assim por muito tempo. Depois, com os olhos vermelhos de chorar, o Sr. Nicolai que, com muita dificuldade, lavou-se e vestiu-se, bebeu o café frio da véspera sem fazer um cafézinho novo, esqueceu o pãozinho com manteiga do costume, e lançou-se no corredor da grande casa onde vivia apostado em encontrar a Perna. Agarrava-se com a mão direita às paredes, levava uma bengala na mão esquerda mas movia-se com custo, lamentava a sua sorte dando pequenos saltinhos para a frente, achando sempre que a perna que lhe restava não o ajudava com suficiente empenho.
    E embora nos pareça que seria Perna, essa sim, que parecia a mais ingrata das duas o Sr. Nicolai acusava a que ficara com ele e jurava que tudo perdoaria à outra se ela aparecesse. E ele bem a chamava! Nada! Apenas silêncio nos longos corredores, na penumbra dos quartos, na escuridão das caixas de escadas para onde olhava sentindo vertigens e não ousando nem descer à cave nem subir ao primeiro andar.
    Primeiro, sentou-se num dos degraus da escada que descia para a escuridão da cave. E ali se deixou ficar longo tempo mergulhado nos seus pensamentos sombrios. “Porque me abandonou ela?” “Sempre a tratei tão bem! Sempre!” “E dei-lhes os melhores sapatos e as mais finas meias!” Lembrou-se do dia em que se conheceram e da alegria de a ter estreitado pela primeira vez. Podia dizer que o interesse fora mutuo. Ele olhou para ela. Havia muitas Pernas em fila, pareciam todas iguais. Ela, porém, seria a única que lhe servira na perfeição. Ela olhou para ele…. a altura, a dimensão da coxa, mas também a macieza da superfície, a delicadeza do tornozelo, a perfeição do pé… como se poderia descrever aquele encontro assim, entre um homem e a sua Perna?” A sua vida tinha vindo de tão longe… tinha corrido tantas terras… tinha aprendido tantas coisas até ter chegado à cidade onde a encontrara… Mas Nicolai lembra sem saudade todos os anos desse tempo glorioso. Circulava com velocidade entre as mesas do restaurantes dos hotéis mais chiques, atendia os clientes mais exigentes, recebia os maiores elogios, dava ordens secas ao pessoal, olhava toda a sala percebendo logo se alguma coisa estava acorrer menos bem, intervindo discreta e eficazmente. A velocidade, a elegância, a capacidade de se mover sem ruído eram essenciais e ele um dos melhores do seu tempo. Depois…, depois… Mas sem aquele carro, sem aquele atropelamento… alguma vez teria ganho a companhia da sua Perna? Que lhe importava o passado face à alegria daquela nova companhia? Com a sua Perna passeava agora, solene, compassado, lento, atraindo sobre si olhares, não de curiosidade, nem de compaixão mas de admiração e inveja. Sim, de inveja, tinha a certeza que era inveja o que todos sentiam por eles. Mas agora? O que seria dele? Como poderia pensar em entregar-se, entregar o seu andar, a sua passada mecânica e enérgica, entregar a sua vida, em suma, a outra Perna, a uma desconhecida qualquer por quem não nutria, não podia nutrir, amor algum.
    A muito custo se levantou, apoiado no corrimão olhou para baixo e pensou se não seria melhor atirar-se para o poço negro das escadas nele afogando as suas mágoas. Mas não, não. Ou porque não teve coragem ou porque “enquanto há vida há esperança”, continuou adiante regressou ao quarto, atirou-se extenuado para o cadeirão onde habitualmente viam televisão, adormeceu de cansaço e dor. E dormitou, sobressaltado por sonhos perturbadores…

    Querem saber como tudo aconteceu? Como desapareceu a Perna? O que fez ela enquanto o Sr. Nicolai desesperava? Então oiçam. O Sr. Nicolai, por distracção ou sono ou pelas duas coisas, tinha deixado, naquela noite, a porta do quarto entreaberta. A Perna, que acordava sempre mais cedo mas gostava de se deixar ficar no quentinho da cama, viu a luz da manhã que entrava feliz pela fresta da porta e, num impulso, tinha resolvido levantar-se. Calçou um chinelo para abafar o ruído e, cheia de cautelas para não acordar o resto das pessoas daquela casa, foi subindo as escadas para o andar de cima. Andara pelo longo corredor em direcção à varanda que se abria sobre o jardim e deitara-se numa das espreguiçadeiras a apanhar o sol que subia depressa pelo céu e a ouvir a passarada que chilreava nos ramos escuros dos pinheiros. Já era Primavera. A Perna, que sempre fora um pouco friorenta, sentiu-se bem ali. Parece mesmo que dormitou um pouco, confortada por aqueles sons, por aquela paisagem onde brilha um rio ao fundo, por aquele calorzinho matinal.
    Quando finalmente acordou estavam dois miúdos a olhar para ela. Hoje, ela confessa que ficou assustada mas fingiu não os ver para ganhar tempo. Cada um de seu lado, sentados nas outras duas espreguiçadeiras da varanda, os rapazes continuavam a olhar nitidamente interessados nela. Que fazer? É uma pergunta que colocamos às vezes mesmo quando já sabemos a resposta. Mas ela não sabia mesmo que fazer. Os miúdos, chamavam-se Francisco e Pedro, eram irmãos, tinham mais ou menos 6 e 7 anos, na altura, e também não sabiam que fazer com ela. Por isso, perguntaram ao mesmo tempo e em voz alta um para o outro “Que vamos fazer?”. “Vamos levá-la a passear!?”
    Nem era necessário falarem. Estava combinado! Puseram-na em pé antes que ela tivesse tempo de fazer alguma coisa. “Vamos levá-la ao jardim, vamos à piscina, vamos levá-la a ver os cãezinhos bebés!” Pedro segurava de um lado, Francisco do outro. A Perna dava-lhes pela cabeça, era pesada para os seus braços corpos franzinos, seguraram-na enlaçando os braços em redor da coxa poderosa. O cortejo era digno de ser visto: cinco pernas percorrendo os ladrilhos da varanda, cinco pernas batendo compassadamente nos ladrilhos, depois, cinco pernas escorregando no soalho encerado das salas (“O chinelo caiu!” “Deixa estar! Achas que ela tem frio?!”), cinco pernas descendo, como um robot mal desenhado (aqui, os passos desencontraram-se todos bastante…), a larga escadaria interior, cinco pernas em marcha solene pelo corredor, batendo devagar, parando em sentido, respirando fundo, avançando-a de novo, ora levantada em passo de ganso militar, ora ensaiando um deslizar de patinagem artística, ora, finalmente, acelerado um passo de corrida que acabou num tropeção, numa queda aparatosa e num grito indignado.

    Nicolai, à porta do seu quarto, olhava a cena aterrorizado: duas cabeças, quatro braços, cinco pernas, a sua Perna, sobressaíndo daquela massa frenética, exposta, hirta de medo, nua! Acordado do seu torpor, primeiro pelo bater longínquo e espaçado de um eco, como um tambor da selva e, depois, pelo estrondo, Nicolai levantou-se movido por uma energia inesperada, esquecendo-se do cansaço e até dos maus serviços prestados pela perna que lhe restava e pela bengala em que se apoiava, chegou à porta do quarto dois pulos chegou e olhou o corredor sombrio à sua frente. Acordara de um pesadelo ou estava ainda dentro dele?
    “Sr. Nicolai, desculpe”, eles falavam em coro como se fossem gémeos. “Sr. Nicolai, desculpe”. “Nós gostamos tanto da sua Perna”, continuaram eles. “Nós gostamos tanto da sua Perna”. Queremos mostrar-lhe as partes da casa que ela não conhece. Ela estava lá em cima a apanhar sol, veja como está quentinha e agora ia ao jardim dar uma volta.”
    “Mas dêem-ma cá! Que não vai a lado nenhum sem mim” Já perceberam que o Sr. Nicolai era muito possessivo. “Nem sabem o susto que apanhei! As dores de cabeça com que fiquei! As palpitações de coração que estou a sentir! As vertigens das subidas e descidas da tensão arterial! As quebras do açúcar! Os desequilíbrios na tensão dos olhos!” O Sr. Nicolai tinha um longo catálogo de doenças prováveis e improváveis que foi desfiando para os assustar. E terminou: “Se eu quisesse ia fazer queixa aos vossos pais e eles nunca mais vos deixavam brincar com nada! Com NADA! NUNCA MAIS! NADA!” estava descontrolado e muito vermelho, o seu grande nariz até parecia que ia cair de raiva. “Mas o Nicolai deixava-nos brincar com a sua Perna?” havia ingenuidade e sedução naquela pergunta feita em coro, a partir do chão onde ainda estavam caídos, agora sentados, agarrados à Perna, muito direita, agora, virada para o dono, pedindo para que a levassem até ele mas sem os acusar de nada. “Não fizemos nada de mal, Sr. Nicolai. Só encontrámos a Perna tomar banhos de sol na varanda… e gostamos muito dela. Mas podemos brincar com ela de vez em quando? Quando o Sr. Nicolai estiver a descansar? Até pode ficar a vê-la brincar! Podemos?!” os irmãos disparavam aqueles pedidos e perguntas com tanta velocidade que o Sr. Nicolai nem conseguia continuar a ralhar como desejava. Aliás, ia ficando menos zangado conforme eles iam falando. Já de pé, proximaram-se afagando a Perna. Deram-lha ainda com medo. Ele pegou-lhe com as duas mãos trémulas de emoção. Ali estava ela como na noite anterior. Levantou-a ao nível dos olhos, virou-a de pé para o ar, rodou-a de todos os lados. Ali estava ela, macia, lisa, brilhante, sem uma beliscadura. “Está bem, não está?” e num eco “não está?”. “Está!” o Sr. Niclai tentou ser seco e mostrar-se ainda muito zangado. Mas dentro dele crescia uma grande alegria e um mar de doçura em relação às crianças e ao mundo. Perguntou-se se não seria esse o segundo dia mais feliz da sua vida. O dia em que recuperara a Perna e em que encontrara dois meninos que gostavam tanto dela como ele. O que ele não sabia era que nos dias e nos anos seguintes essa alegria se iria prolongar de tal modo que todos se espantavam com o seu feitio, agora amável e doce, agora sincero na sua elegância e amabilidade de velho mordomo reformado. Lá estava ele, sentado numa cadeira do jardim ou no cadeirão da sala a ver televisão, e lá estavam, o Pedro e o Francisco, a entreter a sua Perna com brincadeiras de rapazes: salvando-a de morrer afogada na piscina, levando-a em corridas pela relva, usando-a como montanha que os carros subiam e desciam, como fronteira que dividia exércitos e reinos inventados, finalmente, deitando-a à sombra para ela descansar, e eles também, as cabecitas, às vezes, usando-a como almofada para as suas sestas da tarde.

    Tinalhas, 26 de Abril de 2014

    João Pinharanda

  3. Dans la liste des gens qui font des listes, « Claquettes & Ornythologie », vient de sortir chez Héros-Limite. Christophe Rey s’inspire de celles de Sei Shonagon pour en inventer des contemporaines, du genre : « Choses malpropres / Coiffes et coupes de cheveux de certains artistes et écrivains / Choses difficiles à dire ». C’est extra.

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